Métropolitain


Dimanche 20 janvier 2008

Huit heures trente. Des visages crétins obstruent l’horizon peuplé de fils haute tension, de trous noirs et de signaux multicolores. Ma destinée poisseuse se cramponne à la barre centrale du wagon de queue. Elle semble comme graissée, prête à accueillir des centaines de poignes baladeuses et microbiennes.
Désormais, je connais l’ordre des arrêts sur le bout des doigts et les lignes de ma main ressemblent à un réseau ferré.
Le matin, je n’ai pas faim. Pourtant, je suis déjà pris en sandwichs entre une petite rousse très coquette et un sexagénaire qui ne pense plus à séduire depuis de nombreuses stations.
Qui décide du destin des voyageurs. Toi tu vas ouvrir ta caisse à Leclerc, toi enseigner l’anglais à la sorbonne, toi fille au paire, toi fils de pute.
La litanie des stations me rend parfois schizophrène. Je romps alors le contact avec le monde extérieur et je ne vois plus la sortie du tunnel.
Le métro, c’est un peu le paradis des laissés- pour-compte, c’est aussi une damnation qui piétine notre intimité sur l’autel de la promiscuité, c’est enfin la liberté du déplacement dans nos existences immobiles.

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