Compagnons de longue date


Samedi 3 février 2007

Passé le temps des muscles saillants, des lèvres pulpeuses et du front lisse, alors même que la soixantaine pointe ses fesses et que l’espérance de vie ne cesse d’augmenter; un constat s’impose: le gay n’est pas destiné à être vieux.
Décimé par le sida à l’âge adulte, il présente dès l’adolescence deux à trois fois plus de risque de commettre un suicide que son homologue hétérosexuel.
Cette course d’obstacles sur terrain lourd ne laisse que peu de moments de répits car la vigilance s’impose encore et toujours.
Heureusement, certains bloggeurs sont là pour nous sortir du spleen, en nourrissant nos écrans pixels de jeunes et beaux messieurs imberbes et figés qui feignent de nous faire croire à la jeunesse éternelle.
Dans une France championne d’Europe de la fécondité, des bataillons de jeunes gays viennent en remplacer d’autres effaçant ainsi les traces du temps.
A l’aune de sa retraite, le gay semble ne plus avoir d’existence morale, de consistance physique, d’arrivisme sexuel.
Très peu présent sur le net, quasi absent des discothèques, il ne peut compter sur le petit fils chéri capable de lui insuffler un peu d’amour vrai édulcoré de toute vénalité.
Et si finalement certains l’avaient inconsciemment compris, pour s'offrir la mort à vingt ans ou se la faire transmettre un mauvais soir d’été.
Toute l’imagerie gay s’articule autour d'une valeur artificielle qui sied si bien au net; la ride est gommée, le ventre est rentré, l’âge tronqué.
Le gay n’est pas destiné à être vieux et le web nous délivre aujourd’hui la pilule miracle ou le temps n’a pas d’emprise.
Le reste est invisible, l’octogénaire gay traverse le temps d’un pas léger, sans faire de bruit, sans se manifester.
Pourtant il va bien falloir un jour composer avec ses soldats de la vie qui n'ont pas œuvré pour le renouvellement des générations mais qui se tiennent aujourd’hui encore debout pour honorer notre aptitude à se souvenir.

1 commentaire:

Psychanalyse du suicide quotidien a dit…

Très bonne question, je suis d'accord avec vous.: "et, si finalement certains l'avaient inconsciemment compris, pour s'offrir la mort à vingt ans ou se la faire transmettre un mauvais soir d'été".
Plus loin encore: et si il y avait un rapport mortel entre la beauté (des 20 ans) que vous soulignez et ce désir de mort ?