Séance Royale

Jeudi 18 octobre 2006

Ce n’est pas notre Ségolène régionale qui se cache derrière ce titre évocateur mais plutôt un autre genre d’élection : celui de la salle de gym la plus Queer de la capitale.
A quelques encablures du marais, à deux pas du Conseil d’Etat et du tout nouveau Ministère de la Culture et de la Communication, se cache une véritable usine à muscles : le club Med Gym Palais Royal.
Dès l’entrée, on passe ma carte de membre dans une petite machine, sorte de pointeuse du temps libre ou le retard n’est pas sanctionné, ou l’avance n’est pas remarquée .
Je me change, le regard baissé et je me retrouve parfois face à la pudeur de mes dix ans, quand la nudité des hommes me tétanisait, quand la beauté des femmes me rassurait.
J’arrive dans la salle principale, les habitués sont là, encore et toujours, esclaves de leur jeunesse éphémère et de leurs muscles protéinés. C’est incroyable une telle concentration de garçons qui aiment les garçons; les marques s’affichent, les bises claquent, les regards fusent, les marcels débordent de pectoraux avantageux.
La séance se passe, la sueur perle sur mon front. Je mène mon combat dans cette sous-culture physique, face à cette fonte rebelle qu’il faut toujours repousser, à l’infini.
J’aperçois enfin Jérôme, mon compagnon d’infortune et je me sens moins seul dans cette démarche égocentrique et frivole.
Vous qui faites du tennis, de la boxe, de l’équitation ou du football, mesurez votre chance irréfutable de ne pas connaitre toute cette machinerie infernale capable de broyer l’individu sur l’autel de l'admiration de soi.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est bien pour ça que je ne me suis pas inscris dans cette usine à mecs où le paraître est bien plus important que la forme physique. Mon club de fitness de quartier me convient parfaitement sans les superflus dans ce grand groupe parisien.

Anonyme a dit…

Je viens d'aller au CMG de Palais-Royal, que j'ai connu une ou deux fois avant, et qui m'avait efficacement vacciné. Là, ce samedi, j'ai été étonné du peu de monde, du calme et de la modestie ambiants, mis à part un mec qui se branlait dans les douches... Ce qui m'a surtout étonné, c'est de voir un mec trop typique et conforme à ta description : mon oeil a tout de suite été attiré par son Aussiebum rouge, mais ce mec très créatif avait aussi un perçage au sourcil, un Ipod, un jean d'une marque connue taille basse, les cheveux ras, et sa présence dans ces lieux achevait le tableau d'un conformiste si complet que j'ai gardé de longues minutes un sourire aux lèvres, légèrement méprisant. A-t-il tant besoin d'être aimé ? A-t-il peur d'être lui-même ? Ce mec, qui se croit branché, m'a fait vraiment pitié.