Jackson Four
Dimanche 28 Juin 2009
A l’origine, il y a ton nez épaté, ta coupe afro, ton teint d’ébène et ta voix d’acajou.Dans un concert de louanges, tu illumines nos tympans. Tu virevoltes entre les notes, comme les êtres surnaturels de ton monde imaginaire qui font de toi un danseur hors pair. Car tu as toujours fait mieux qu’à l’ordinaire, explosant le box office, jusqu’à fragiliser les pigments de ton mythe interplanétaire. Michael, en 2001, tu te pensais pourtant Invicible, alors pourquoi ce soir ton nouveau voyage instrumental me laisse sans voix.
Un dimanche à la Toussaint
Dimanche 9 Novembre 2008
Aujourd’hui j’ai fait du jardinage, car il y en a des mauvaises herbes à arracher sur ta tombe papy. Trente cinq ans six pieds sous terre, à Montreuil, sur les hauteurs de la ville, quand la bise du nord caresse mes joues et grave les larmes dans le marbre. Pourtant je ne t’ai jamais embrassé, je ne connais pas les nervures de ton sourire, tu restes pour moi un inconnu sur papier glacé.
Tu étais parait-il un jeune Breton aux cheveux d’une couleur entre le doré et le châtain clair et tu menais rudement ta vie, sans concessions cadastrées.
J’ai du mal à te retrouver, je hante un moment, comme un rat brun, les allées bordées de granits individuels et lignagers; toi rongé par la peste, toi bouffée par un cancer, toi passé sous un train et à la postérité.
Enfin j’aperçois mon nom d’ancêtre en lettres d’or, Henri P, comme Putain de merde de vie qui fait crever les gens bien dans la force de l’âge et nous laisse mal, jusqu’à la mort.
Bon, j’ai fait ce que j’ai pu tu sais, j’ai planté sur la partie basse de la stèle une fougère indigène, histoire de te dire un peu qui je suis, puis j’ai admiré le silence, un peu comme dans une forêt noire.
Après, je ne sais quoi faire, je gratte mes ongles noircis de jardinier amateur, fier de mon arbre généalogique.
Grand-père, je suis enfin sorti de mon terrier, après toutes ces années à cultiver le remord et ma peine est désormais au repos, telle une jachère.
Vintage: Matthew à la plage
Dix huit heures plus tard, un cycliste déclenche l’alerte, mais Matthew est dans le coma. Son crâne est inopérable car trop brisé. Ce drame provoque un choc dans le pays tout entier. Bill Clinton se déclare profondément choqué par cette attaque sans nom. Le jeune américain décèdera quatre jours plus tard parmi les siens.
Publié le 6 novembre 2006
Journal de Vacances
Lundi 23 juillet 2007
Je me tenais à l’extrémité de la jetée. De fines gouttes d’eau arrachées à la crête des vagues viennent brumiser mon visage, le vent alizé se charge de me le sécher. J’aperçois sur la plage comme une nuée de mouches à visage humain et j’apprécie en silence d’échapper à tout ce bourdonnement. Mes lèvres absorbent le goût salé de l’horizon mais déjà il me laisse un peu amer, je reste sur ma faim.
Je n’ai pas su accorder mes nuits au rythme du ressac, va et vient qui se noie dans l’écume des corps jusqu'à vous faire mousser de plaisir. Tout juste me suis-je posé un soir sur la bite d’amarrage du vieux port.
Face à l’océan, je me mets à rêver d’Afrique, de pêches aux trésors et de poissons fumés. Je redessine la carte du monde comme le dernier des thons mais je me souviens de son histoire comme un papier calque.
Pourtant il est temps de lever l’encre. L’antique souvenir de ma vie citadine commence à refaire surface.Et vous la bas sur vos serviettes éponges, vous devriez en faire de même. Vos culs violacés n’en peuvent plus d’absorber votre soif d’uvb.
Il n’y a de bonnes vacances que celles où l’on ne se brûle pas les ailes.
Juste le meilleur
Mardi 3 Octobre 2006
Parmi les décorations, les distinctions honorifiques et autres ordres de chevalerie, il est une reconnaissance dont la sobriété du nom est inversement proportionnelle à la grandeur des faits : la médaille du juste des Nations.
Tout se passe sous la France de Vichy à l’époque ou certains collaboraient pendant que les autres résistaient , ou certains se taisaient pendant que d’autres agonisaient.
Et la, des français ordinaires ont su ne pas se laisser aveugler par la haine et la lâcheté et venir en aide à des hommes, des femmes et des enfants persécutés.
Qui se souvient par exemple de Roger Belbeoch, un jeune policier de vingt et un ans affecté au XIIe arrondissement de Paris qui fabriquait de faux papiers d’identité qu’il remettait à des juifs. De Bernard Gandrey-Réty un jeune homme de dix-neuf ans qui vivait seul dans l’appartement parisien de ses parents et qui cacha la famille Nerville pour leur éviter les rafles.
Nos Héros d’aujourd’hui ont bien changé, ils empêchent des ballons d’entrer dans des buts ou luttent pour une première place dans les hits parades.
Mais quel est donc cet assentiment général qui rend le banal flamboyant et laisse l’extraordinaire presque dans l’oubli.
C’est la que la notion de juste intervient, elle vient du Talmud et sert à désigner toute personne non juive ayant manifesté une relation positive et amicale envers les Juifs.
Le Mémorial Yad Vashem décerne le titre de Juste des Nations aux non-Juifs qui pendant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah ont aidé des Juifs en péril, au risque de leur propre vie, sans recherche d'avantages d'ordre matériel ou autre.
Alors, aux grands sauveteurs de la dignité humaine et de l’honneur de leurs compatriotes la patrie reconnaissante .