Célibataire sans enfant.




Vendredi 19 janvier 2007


Ce soir à la boulangerie, une fillette bave devant les bonbons acidulés et tanne son accompagnateur de lui en acheter.
Finalement l’oncle cède et avec un sourire édenté il se tourne vers moi pour me proclamer d’un jet que les deux choses les plus essentielles dans l’existence sont l’argent et les enfants.
Nous sommes vendredi soir, la nuit tombe, et sous l’éclairage blafard de cette boutique crasseuse et farineuse je réalise que je ne possède rien de ces deux trésors.
Dans un premier temps j’essaye de me persuader qu’il a tort, qu’il ferait mieux d’aller faire soigner ses caries plutôt que de tomber dans la platitude et l’appropriation de la vérité.
Je sors pensif du magasin en m’acharnant de mes plus belles incisives sur le crouton noircit de la baguette que je viens d’acheter, comme un clébard muselé face à une balle de tennis.
Arrivé en bas de mon immeuble, une évidence s’impose; les propos du vieil homme ne sont pas si dénués de sens. Mais que faire, à part essayer de me raccrocher à un exutoire immédiat à effet compensatoire.
Je décide donc de m’offrir une grosse tarte aux fraises avec de la chantilly comme la boulangerie Arabe prés de chez moi sait si mal les faire, mais peu importe, j’ai besoin de réconfort et tout de suite.
Ce sont ces moments là qui marquent furtivement notre différence, parce qu’ils nous marginalisent fatalement, parce qu’ils nous culpabilisent inutilement, parce qu’ils nous remuent émotionnellement pour nous rendre plus fort.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je note : faire une tarte aux fraises lors de mon prochain passage en cuisine chez toi...
Nicolas (nouvellement SDF et sans Quechua)