Mercredi 19 décembre 2007
Sur la route qui me mène à Gagnoa, la terre est rouge comme l’orange. J’ai hâte d’arriver à destination et en même temps je pense que notre jeune chauffeur dépasse un peu les bornes.
Pourtant le scénario est simple; il faut sans cesse freiner et zigzaguer pour éviter les énormes cratères qui jonchent la chaussée et parfois je me crois sur Mars. Le pompon, c’est quand nous dépassons ces gros camions citernes au volant desquelles surgissent de jeunes garçons qui se croient sorti de la cuisse de Jupiter. Leurs pots d’échappements nous balancent en pleine figure un nuage de particules ébène qui viennent brunir ma peau trop claire de mulâtre. Déjà ma chemise blanche fait grise mine. Mon col devient noir pendant que le soleil brille.
En chemin nous croisons un véhicule retourné dans le fossé. Une jeune femme gît sur le bord de la route. Les accidents de la vie nous rendent plus forts quand ils nous laissent sur le carreau, comme abandonnés dans une situation difficile.
Le voyage se poursuit et chaque embardée fait chavirer mon cœur mais il faut faire vite car les villageois nous attendent. Ceux dont je n’ai jamais respecté l’autorité parentale et qui vont m’étreindre comme un fils, ceux qui vont m’embrasser comme un frère et dont j’ignore la filiation.
Le village approche. Le chemin est de plus en plus déglingué. Les amortisseurs peinent à pousser les roues vers le sol de façon à ce que les pneus collent à la piste. Ici il faudrait un 4x4, mais ils bravent déjà la linéarité de l’Avenue Foch noyés dans un nuage de frime.
Une poussière orangée donne à notre sillage un air de Paris Dakar. Mais nous sommes bien en Cote D’Ivoire, sur la terre de mon géniteur. J’arrive enfin à destination comme un dernier né et je me laisse prendre au dépourvu par l’émotion comme une deuxième naissance...
A suivre…
1 commentaire:
Très joli carnet de voyage dis moi.
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